Ce trouble que l’on peut traduire littéralement par « hyperphagie boulimique » voit dans le maintien de l’usage de son appellation anglo-saxonne une appropriation encore fragile en France et une connaissance encore partielle auprès des différents professionnels.

Pour le décrire rapidement, ce trouble présente les mêmes caractéristiques que la boulimie exception faite des stratégies de contrôle du poids (c’est à dire celles qui évitent de prendre du poids), d’où dans nombre de cas des problématiques de surpoids voire d’obésité associées.

 

1. Qui est concerné ?

Il s’agit d’un trouble qui survient habituellement entre 20 et 30 ans et qui souvent ne bénéficie d’une prise en charge spécialisée que tardivement après son déclenchement puisque l’âge moyen des premières consultations se situe entre 30 et 50 ans.
Ce trouble concernerait de 0.7% à 4% de population générale (3.5% femmes / 2% hommes) et serait 2 à 3 fois plus fréquent que la boulimie. En outre, le BED serait présent chez 20 à 30% des sujets cherchant à perdre du poids eu égard notamment à l’obésité induite. Enfin, il toucherait 3 femmes pour 2 hommes.

 

2. Quels symptômes pour quel diagnostic ?

Jusqu’à présent, ce trouble faisait partie dans le DSM (classification Nord-Américaine des maladies mentales) des diagnostics de recherche. Il semble que dans la nouvelle édition du DSM (DSM-V), le BED devienne un trouble des conduites alimentaires à part entière. Les critères devraient rester peu ou prou les mêmes. Ils sont résumés dans le schéma n°2.

L’hyperphagie boulimique souffre de sa méconnaissance auprès des professionnels de santé et du grand public et cela induit souvent pour ceux qui en sont atteints une culpabilité accrue face aux symptômes du fait d’un sentiment de responsabilité face aux compulsions alimentaires.
Précisons que les dérapages boulimiques précèdent la restriction chez ½ des sujets souffrant de BED.

Si a fortiori ce trouble s’accompagne d’une obésité, alors cette conséquence tend à prendre le devant et à devenir le problème principal à traiter.

 

3. Quelles conséquences pour le corps ?

Le BED est diagnostiqué chez 10% des sujets obèses, et dans 20 à 40% des consultations diététiques pour des motifs de surpoids. A noter que le BED peut constituer une contre-indication à la chirurgie de l’obésité (ou chirurgie bariatrique).

 

4. Les différents soins dans le BED

Les stratégies thérapeutiques sont encore peu codifiées. Il a par ailleurs pu être constaté qu’en présence du BED, la réponse aux traitements de l’obésité était moins bonne. De même, les régimes tendent à exacerber et à maintenir le BED.

Au même titre que pour la boulimie, le recours à la thérapie cognitivo-comportementale semble à privilégier et dans certains cas, cela a pu aboutir à une diminution pour moitié des accès boulimiques hyperphagiques.

Au plan médicamenteux, plusieurs molécules ont été mise à contribution sans réel succès sur le moyen et long terme.
In fine, il s’agirait de privilégier une combinaison de psychothérapies et de soutien médicamenteux.

5. Quelles évolutions ?

Nous disposons de peu de données quant problèmes médicaux, psychologiques ou sociaux associés. Peu de formes de passage avec la boulimie ont pu être relevées.
Une étude de suivi naturaliste sur 5 ans, déjà ancienne (Fairburn,2000), a mis en évidence une prise de poids progressive et de 21 à 39% d’obésité.

 

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Là encore, le terme anglophone est d’usage tant cette entité est encore peu répandue en France.
En quelques mots, ce trouble toucherait 1,5% de la population générale américaine et serait un inducteur d’obésité au point que cela concernerait 10% des obèses.

Cliniquement, ce trouble se manifeste par :

  • Un manque d’appétit matinal
  • Une hyperphagie nocturne (ou trop manger la nuit)
  • Une insomnie mixte (à la fois des difficultés pour s’endormir et des réveils précoces), avec prise alimentaire (principalement des aliments sucrés).

Pour être retenu, ce trouble implique de consommer plus de 25% de la ration calorique globale APRES le repas du soir et de se réveiller la nuit avec ingestion alimentaire > 1 nuit / 2.

Au plan de la biologie, il a pu être constaté une réduction du taux sanguin de mélatonine, une absence d’élévation du taux sanguin de leptine et une augmentation de la cortisolémie des 24H (taux de cortisol dans le sang).

La prise en charge est encore trop peu codifiée et elle associerait antidépresseurs, psychothérapie, et pour certains une prescription de mélatonine.